Le Yoga et la gestion des Troubles du comportement alimentaire

par Céline Casse

 

Le Yoga et la gestion des Troubles du comportement alimentaire

 

Les troubles du comportement alimentaire (TCA) et par exemple l’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie, s’accompagnent souvent d’une anxiété importante. Nous pourrions même dire que si l’intensité et le type des symptômes varient, l’anxiété est terreau partagé. Un deuxième point commun serait le mal-être et le rapport déconstruit à son apparence physique, impactant et étant impacté dans le rapport à l’alimentation (duquel découle des comportements alimentaires troublés). La pratique du yoga, utilisée comme outil thérapeutique et plus précisément comme thérapie psychocorporelle, peut accompagner vers la guérison des TCA et soulager très précisément l’anxiété, les angoisses ou encore une mauvaise perception de soi (pour ne citer que les effets sur les symptômes partagés).

Du côté psychique et physique, les maux et signaux apparaissent sous diverses formes selon le trouble, catégorisés de manière à déterminer les contours de ce dernier d’un point de vue médical. Le ou les TCA prennent une coloration particulière en fonction de chaque personne étant alors vues comme des pathologies plurifactorielles, qu’elles sont. 

C’est ainsi qu’une approche thérapeutique pluridisciplinaire est privilégiée et que le yoga trouve ton son sens. C’est ce que nous allons voir !


Le Yoga et sa pratique…holistique !

 

Le yoga, approche multifacette en accord avec les besoins thérapeutiques liés aux troubles des conduites alimentaires

 

Le yoga est une philosophie de vie ancestrale proposant enseignements et pratiques (loin d’être que sur le tapis!)  afin de cheminer vers l’Union (envers soi-même et avec autrui). Il est né en Inde et pratiqué partout dans le monde, trouvant un engouement particulier en Occident, et ce afin de prévenir, diminuer et soigner les maux de civilisation…mais pas que!  

Ainsi il aide ces 30 millions de pratiquants à diminuer les tensions, à se (re)centrer, à être davantage ancré, à faire face à des douleurs chroniques et en général à apporter plus d’équilibre dans des vies bien remplies (de déséquilibres plus ou moins importants, divers et variés, aussi). Et si cela fonctionne, c’est bien parce que le yoga se différencie d’une pratique sportive. 

Si la caricature de celui-ci nous donne à voir une pratique exclusivement physique, faîte de postures plus ou moins acrobatiques, performées par de jeunes femmes en leggings, rappelons que la nature première du yoga est de stopper les fluctuations du mental (chemin royal vers l’Union mentionnée plus haut). Et pour ce faire, les enseignements et pratiques ont été savamment pensés, testés et validés au fil des millénaires. 

Ainsi, au-delà et avec les postures, une batterie de pratiques basées sur l’étude du Soi, le comportement vis-à-vis de soi-même et avec autrui, le souffle, la concentration ou encore la méditation sont offertes et surtout transmises. Le mode de vie qui en découle (et bénéfices pour ceux qui seraient plus intéressés par cet angle-ci) permet de trouver une harmonie physique, émotionnelle, psychique et spirituelle. 

C’est cette harmonie, reflet de l’équilibre qui est prôné par le yoga, qui permet à chacun d’être pleinement et pleinement en santé également. 

L’exemple des pensées obsessionnelles, l’exemple du lien corps, mental, souffle (H3)

L’approche de la santé, dans cette optique, se veut holistique par nature. Corps, mental, âme ont leurs caractéristiques (on distingue même cinq types de corps différents ou coquilles, appelés koshas) mais ne sont en aucun cas des éléments séparés (ici encore nous pouvons noter l’expression d’une union). 

Le yoga aide donc à soulager les douleurs du corps, du mental et de l’âme en les percevant comme interdépendantes les unes des autres.

Par exemple, des pensées obsessionnelles, image d’un mental qui prend trop de place, vont impacter l’amplitude du souffle (mental et souffle étant liés), la disposition énergétique (souffle et énergie étant liés) et la condition physique via l’anxiété ou encore l’incapacité de rester en place (mental et physique étant liés). Tout est lié ! 

Et parce que cela est ainsi, c’est également l’occasion d’approcher le déséquilibre d’un mental qui court trop via d’autres pistes que celle qui est focalisée sur le mental justement. L’approche via le souffle (et il est encore question d’un exemple) peut s’avérer être intéressante car il s’agira de ne pas confronter directement la personne concernée, une énième fois, à l’objet même de ce qu’elle n’arrive pas à changer dans le moment. Mais plutôt de lui montrer qu’il est possible de faire autrement, via un autre moyen, pour petit à petit arriver au même but: désamorcer les pensées obsessionnelles. C’est alors que la possibilité de questionner la raison du mécanisme en question est envisageable, quand le “bruit” diminue.  

Peut-être que d’ores et déjà vous pouvez faire le lien avec des situations familières dans le cadre des TCA … 


Commencer ou continuer le yoga, comment ?

 

Les questions à se poser pour pratiquer le yoga de façon adaptée

 

Si vous êtes pratiquant de yoga mais surtout si vous ne l’êtes pas (encore), vous avez sûrement entendu parler de hatha, yin, power, ashtanga, vinyasa, nidra … yoga. 

De quoi avoir le tournis ! 

Ce qui va m’importer de partager avec vous ici, ce n’est pas forcément la description détaillée de chaque type de yoga (qui mènent tous à un même but que vous connaissez désormais, l’Union) mais plutôt quelles questions se poser pour bien continuer ou commencer la pratique si vous êtes en proie aux TCA ou pourriez l’être.  

Premièrement, est-ce que l’approche est adaptée à ce que vous êtes en train de vivre? Est-ce qu’elle vient vous aider dans votre recherche d’apaisement, sans accentuer les symptômes liés aux TCA? 

Je m’explique, une pratique très dynamique, “sportive”, rigide du yoga pourrait venir accentuer ces mêmes aspects là chez vous. Est-ce désirable? Sûrement pas. Nous savons que les TCA créent une relation à soi-même et à l’alimentation souvent agitée, rigide, extrême. Pratiquer le yoga dans ce sens-ci n’est donc pas conseillé. Et c’est pourquoi je ne recommanderais pas (de prime abord) le power, ashtanga et certains vinyasa yoga. Point extrêmement important: tout va dépendre de votre enseignant et de sa proposition. 

Ce qui m’amène au deuxième point: l’approche proposée. Car il est possible que votre professeur de yoga offre un cours de vinyasa (par exemple) adapté à vos besoins.


Quelques points à garder en tête concernant votre pratique de yoga et si vous souffrez de TCA

 

Rappelez-vous que le yoga doit être et rester: 

  • Une expérience au delà des postures seules avec au moins un focus sur la respiration et un moment de relaxation finale,

  • Un espace-temps où vous vous sentez en sécurité, où compétition, comparaison, perfectionnisme, niveaux seront absents. Et donc à travers cela, une pratique qui vient nourrir la non-violence envers soi-même, offrir un moment de douceur à son corps, permettre au mental de ralentir ou encore au non-jugement de se frayer un chemin, 

  • L’observation et la redécouverte de vous-même à travers l’exploration de votre corps en mouvement, de vos sensations, de votre rythme, de la profondeur de vos respirations…rendues possible via une guidance favorisant l’état de pleine conscience (difficilement atteignable si vous passez très rapidement d’une posture à l’autre sans avoir le temps de respirer!), 

  • L’apprentissage de la philosophie du yoga, même au compte goutte, car elle permet de donner une dimension beaucoup plus profonde et incarnée de la pratique sur le tapis et la rend plus réelle en dehors, 

  • L’écoute venant de votre enseignant. 

Est-ce que vous entrevoyez tout cela si vous pratiquez déjà le yoga? Telle est la question que vous pourriez vous poser. 

Enfin, et parce que vous savez combien les TCA sont des pathologies particulières, je vous conseillerais vivement de demander à votre professeur de yoga s' il est familier avec et en mesure d’adapter son enseignement. D’où la capacité d’écoute et d’échange qui sont indispensables. 

La relation professeur-élève est au centre de la pratique. Elle doit porter en son sein confiance, honnêteté, absence de subordination, humilité et joie sincère. Elle doit vous permettre de comprendre et transformer vos blocages et déséquilibres par le fait d’être abreuvée de connaissances sérieuses et pratiques pleinement adaptées à votre personne. 

Si peu de professeurs de yoga sont formés au sujet des TCA, de plus en plus s’y intéressent et nous travaillons à cette sensibilisation et accompagnement afin que de plus en plus le soient. Alors ne vous bloquez pas si votre professeur de yoga n’est pas un expert absolu en la matière, en revanche assurez-vous que l’approche est adaptée et n’hésitez pas à me demander conseil si nécessaire. 


Quelle est la place du yoga dans le parcours de guérison des TCA ?

 

Que cela soit clair: le yoga ne remplace pas une prise en charge médicale concernant les TCA. Sa pratique n’exclut personne d’aller consulter un médecin, de modifier ou d’arrêter un traitement en cours. 

En revanche, le yoga a un grand rôle à jouer en ce qui concerne la prévention, l’accompagnement complémentaire durant la prise en charge et après la guérison. 

Concernant la prévention, la crise COVID n’a fait que faire exploser davantage les demandes de prises en charge en ce qui concerne les TCA et tous les chiffres liés aux TCA eux-mêmes. L’état d’anxiété généralisé a mis le feu aux poudres ! (entre autres raisons liées au contexte que l’on connaît, ajoutées aux réalités individuelles). 

Donner les outils, c'est-à-dire les pratiques ET connaissances, au plus grand nombre afin que chacun puisse faire face à l’anxiété, aux dérèglements nerveux, émotionnels, au possible développement de dépendances…c’est nettoyer le terrain des TCA, redonner le pouvoir à chacun concernant son bien-être et sa santé. Le yoga n’est pas LA solution instantanée et magique à tous les maux car certains n’accrocheront jamais à cette pratique mais pour les autres, lorsqu’ils sont bien accompagnés, alors il représente une solution pour faire face à tout cela. 

Et nous savons combien la prévention est capitale, en général, et particulièrement concernant les TCA. Enfin, sur ce point, ce n’est peut-être pas une coïncidence si le yoga et la méditation ont rencontré un vif succès pendant cette même période…


Effets bénéfiques du yoga sur les personnes souffrant de TCA

 

 

Sur le plan de la complémentarité, de nombreuses études ont mis en évidence les effets bénéfiques du yoga sur les personnes souffrant de TCA, de troubles anxieux, du sommeil ou encore d’addiction. Nous menons même la première de cet ordre en France, forts un premier test concluant avec des patients du service psychiatrie de l’hôpital Saint Vincent de Paul à Lille. 

Le personnel soignant spécialisé dans les TCA le sait: il est primordial de créer et développer encore un parcours de soin pluridisciplinaire, incluant une approche psychocorporelle. Le yoga, s’il est proposé de façon adaptée est un atout majeur. Il permet d’offrir des pratiques autour de l’ancrage, de la douceur envers soi-même, de l’équilibre, de la modération, des sens et des sensations, de l’estime de soi, de l’authenticité, des émotions, du pardon, de la compassion ou encore de la gratitude. Il permet aux patients de se reconnecter à leurs corps, à leurs respirations, à être présent ou du moins d’être dans la tentative de tout cela. Ce n’est pas rien. 

Le champ des connaissances et pratiques est extrêmement vaste et ne s’arrête pas à la rémission ou guérison. Pour les personnes qui sont allées et iront jusque là (et dont je fais partie), le chemin du yoga vers le Soi ne s’arrête pas là. 

 

Tout ce qui a été appris, compris, pratiqué, transformé est une étape, merveilleuse certes. Elle permet de faire pousser des graines, de passer de l’état d’être à celui d’exister pleinement, sans la maladie et son filtre identitaire. Sans elle, libérés, il est encore plus délicieux de se découvrir à soi-même et aux autres encore plus. 

 

C’est ce que je souhaite à toutes les personnes qui sont sur ce chemin là, rayonner entièrement à vous-même et au Monde !  

 

 

Alexia Michel, fondatrice de Yoga & Peanut Butter propose un accompagnement pour retrouver l’harmonie face à l’alimentation et à soi-même.


 


 

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