GROSSOPHOBIE : CONFLIT GÉNÉRATIONNEL

par Céline Casse

 

Les personnes en surpoids, obèses voire même "légèrement enveloppées" (aux yeux de la société) subissent quotidiennement des railleries, moqueries et commentaires d'apparence bienveillants en apparence mais vicieux en réalité. La grossophobie est un fléau, contrecarré par les mouvements bodypositive, d'acceptation de soi et d'approbation. Mais, il semble que les générations de nos parents, grands-parents soient viscéralement grossophobes, ou du moins que cela soit normalisé. Mais, pourquoi tant de jugement de la part de ceux qui nous entourent ?

 

De nos jours, la grossophobie est encore une tare aussi dans la "vraie vie" que sur internet.

 

Les raisons d'une obésité, d'un surpoids ... sont personnelles et variées. Des personnes peuvent avoir des problématiques de santé et souffrir de maladies chroniques, d'autres doivent prendre leur traitement médicamenteux, certains sont tout simplement en symbiose avec leur poids etc ... 

 

Seulement, ces critères qui non-normatifs et codifiés en société dérangent. Un nombre de personnes, se permettant de dénigrer des individus qui sont, dans certains cas, en souffrance.

Cette grossophobie a été normalisée et elle fait partie des rituels, des habitudes d'individus, qui ne sont pas dans l'ampathie à ce niveau là. Malgré tout, les divers mouvements bodypositive, la parole libéralisée sur les réseaux sociaux et un changement de paradigme permettent de propager des vagues de soutien et de réconfort chez les personnes grosses. Les mentalités évoluent et ceux qui sont décriés ont dorénavant une force qui est partagée.

Le fait d'être gros n'est pas un défaut, mais les détracteurs des personnes grosses prônent l'idée d'une santé défaillante. Malgré tout, la voix activiste ne se laisse pas faire et l'on rencontre une belle évolution dans le traitement du poids. Une manne inclusive voit le jour, elle est réconfortante. On peut le voir notamment à travers des spots publicitaires (même si nous vous l'accordons, c'est encore rare - mais c'est un début), c'est le cas de la marque de lingerie pensée par la chanteuse Rihanna qui met en avant une pluralité de corps et de morphologies. Il en va de même pour plusieurs autres marques qui surfent sur le côté mainstream de l'inclusivité (cela est un autre sujet) comme Calvin Klein qui a mis en scène des hommes et femmes en surpoids, normalisant le port de la lingerie pour tous.

 

 

On assiste à une nouvelle ère où l'inclusivité, même si elle est incomprise, prend davantage d'importance et est considérée comme une nécessité et une normilité (ce qui est tout de même censé couler de source ...). Personne n'est dorénavant délaissé en 2023 et tous les types de corps sont représentés. La haine, la critique et le jugement seront toujours des éléments d'envergure et des vagues sociétales mais un effort est mis en place pour ne pas invisibiliser ceux qui existent.

 

Grâce à l'avènement des réseaux sociaux et notamment TikTok, on perçoit une variation des corps. Même si le réseau social aura tendance à prioriser les corps sveltes et entrant dans les carcans de beauté, on voit une flopée d'hommes et de femmes fiers, revendiquant leurs "kilos en trop" et participant aux trends de la plateforme.

Certains considèrent cela comme un moyen d'expression, un échappatoire et le partage de chacun sur TikTok n'a pas de physique prédéfini.

Comme dit précédemment, le poids devient une fierté et une revendication pour certaines personne. C'est une force et un combat du quotidien. Il est vital, et là aussi normal, pour ces personnes, de défendre leur condition, leurs droits et leur légitimité.

Le mouvement bodypositive, comme le cite le blog Les Mondes numériques est "une communauté vivante et thérapeutique qui libère des messages sociaux étouffants qui maintiennent les gens dans une lutte perpétuelle contre leur corps". Le but étant de transgresser l'image traditionnelle du corps, ce qui a prescrit et conscientisé du corps et cela dans le passé.

 

 

La question du passé est importante pour ce sujet, notamment en lien avec les générations du XXè siècle : nos parents et nos grands-parents. La grossophobie est un concept qui leur est, dans une globalité, méconnu voire étranger.

 

Le phénomène est centrée sur la femme mais les hommes aussi en sont victimes. Il n'est pas rare d'entendre des remarques corporelles de personnes de notre entourage, nées entre 1930 et 1970. Ces personnes n'ont aucun filtre, aucun tact et le fait de dire : "n'as-tu pas un peu grossi ma fille ?", ou encore "un si beau jeune homme comme toi serait mieux avec dix kilos en moins !". Ce type de comportements de nos aînés ont été conscientisés, c'est une habitude pour nous, personne de la "gen z", de recevoir ces remarques. Sans forcément qu'il n'y ait de remise en question de leur part. Le rapport au poids et au corps est intransigeant, net et cru. La minceur et la beauté sont des éléments statiques chez nos aînés. Une modification des mœurs et des normes sociétales les effraie, ne leur convient pas et n'est pas un argument pour changer de mentalité.

 

Certains effets sont indéniables. Les parents, l'entourage des anciennes générations refusant de s'éduquer sur le sujet ou même de s'ouvrir à d'autres standards de beauté peuvent influencer la création de troubles du comportement alimentaires chez les plus fragiles.

Une personne, jeune ou moins jeune, qui n'a pas le soutien d'un représentant légal, d'une figure d'autorité ou de quelqu'un qui a l'expérience de la vie, peut vite perdre contrôle et vouloir répondre aux désirs de ces personnes.

Les TCA sont alors une possibilité malheureuse où la personne peut souhaiter contenter celui qui lui impose frontalement un changement et une perte de poids souvent drastique. Ce type d'injonctions la mènent à osciller entre des phases de restriction et de craquage, où l'état psychologique est mis à rude épreuve, la relation avec la nourriture est biaisée, peu importe les raisons originelles de la prise de poids. Le soutien émotionnel est complètement bafoué et même si la perte de poids s'avère effective, des liens de confiance peuvent en être ébranlés.

Cette grossophobie délibérée des personnes de la "gen x" se perçoit dans des commentaires complètement naturels. Une émission télévisée où la présentatrice "serait tellement plus jolie en mince" ou un tee-shirt un peu trop serré sur un étudiant faisant la queue au supermarché etc. Certains ont une décence et une facilité à décréter ce qui est désirable et à vivifier les injonctions de beauté traditionnels, d'antan.

 

Mais, une analogie peut se faire, s'il est aisé de nier le combat bodypositive pour les aînés, il est aussi facile pour certains de réfuter l'existence des troubles du comportement alimentaire.
Ce sont des maux contemporains qui s'expliquent par un accroissement de la production alimentaire, le développement des divertissements en ligne et la raréfaction de la pratique sportive, l'ancienne génération n'a pas attesté de tout cela et a grandi avec des automatisme représentatifs de l'époque et d'une toute autre logique économique, d'un soin du corps qui était aux antipodes de maintenant.

Pour elles, les TCA ne sont pas viables, ils ne peuvent pas exister puisque ceux-ci transposent leur propre vécu sur les plus jeunes. Mais, les craintes générationnelles, la pression, la peur et les idéologies ne sont plus les mêmes, donc une prise de poids à l'ère numérique du 21è siècle, à l'époque où rester chez soi peut sembler plus alléchant que sortir, peut être compréhensible.

 

 

Une tentative viable pour pallier aux remarques de ceux qu'on aime est la discussion et la compréhension. Il est tentant d'entrer en conflit, de briser le lien mais les biais cognitifs entrent en compte, il faut éduquer ceux qu'on aime et en parler dans un contexte apaisé et enclin au débat.

Même si les mœurs d'antan sont immuables, il est bon de partager son ressenti, de s'affirmer et de définir ses critères de beauté, qu'ils plaisent ou non à autrui.

 

 

En conclusion, les rapports d'âge sont à prendre en compte par rapport à la grossophobie.
Les troubles du comportement alimentaire sont répandus et la discussion doit être ouverte pour que les aînés deviennent plus compréhensifs. Grâce à l'impulsions des réseaux sociaux (TikTok, Instagram, Twitter etc.), les débats sont ouverts sur ces TCA comme l'anorexie mentale, l'hyperphagie etc.

 

Le contenu informatif peut servir à une génération qui n'a pas été sensibilisée à ces questions de santé physique et mentale.

 

 

Katérina Peralta

 

 

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